Il y a parfois des livres qui ne donnent pas immédiatement envie d’aller jusqu’au bout, pour de multiples raisons — le rythme, la densité du texte, la lenteur de l’intrigue… Circé de Madeline Miller en a d’abord fait partie pour moi.
Les premières pages m’ont semblé longues, presque figées dans une mer tranquille, comme si le récit se laissait porter par les vagues d’un temps divin sans fin. Pourtant, malgré cette envie persistante de refermer le livre, un je-ne-sais-quoi m’en empêchait. Était-ce la voix de Circé qui murmurait encore à mon oreille ? Un envoûtement subtil ?
Quoi qu’il en soit, j’ai continué ma lecture. Et j’ai bien fait.
Soudain, un événement change tout. Le rythme s’accélère, les émotions se déchaînent, et l’histoire prend une tout autre ampleur. Ce qui n’était qu’un lent apprentissage devient une véritable odyssée intérieure, où la solitude, la rébellion et la liberté se mêlent à la mythologie.
Dans la tradition grecque, Circé est souvent réduite à une figure secondaire : une sorcière exilée, redoutée, manipulatrice. Mais sous la plume de Madeline Miller, elle devient une femme à part entière — forte, libre, passionnée, profondément humaine malgré sa nature divine.
À travers ses doutes, ses colères, ses amours et ses renoncements, l’autrice lui redonne une voix, une chair, une âme.
« Au-dessus de nos têtes, les constellations plongent et tournoient. Ma divinité brille en moi comme les derniers rayons de soleil avant qu’ils ne sombrent dans la mer. Jadis, je pensais que les dieux étaient le contraire de la mort, mais je vois maintenant qu’ils sont plus morts que tout le reste, car ils sont immuables et ne peuvent rien tenir dans leurs mains. »
Cette phrase résume à elle seule toute la beauté du roman : une réflexion poétique sur l’immortalité, la fragilité et la condition humaine.
Circé est plus qu’une réécriture mythologique. C’est un roman sur la résilience, la solitude, le pouvoir et la liberté d’exister en dehors des dieux et des hommes.
Un récit qui prend le temps de s’installer, mais qui, une fois ouvert, se referme difficilement.
J’ai finalement passé un délicieux moment à suivre le parcours de cette héroïne singulière, entre ombre et lumière, magie et humanité.
Et vous, l’avez-vous lu ?
Qu’avez-vous pensé de cette déesse pas comme les autres ?