Tout commence en 1944, en France. Mathilde, jeune Alsacienne, rencontre Amine, un Marocain venu combattre dans l’armée française. De leur rencontre naît une histoire d’amour sincère, mais aussi un choc de cultures.
Deux ans plus tard, Mathilde quitte sa terre natale pour rejoindre Amine à Meknès, au Maroc — une ville perchée sur le plateau de Saïss, entre les massifs du Rif et du Moyen Atlas.
Amine, idéaliste et travailleur, rêve de cultiver la terre, de bâtir sa ferme et sa vie dans son pays. Mathilde, elle, découvre un monde nouveau : la chaleur écrasante, les traditions, la religion, les regards, et surtout, la solitude.
Au fil des pages, Slimani dresse le portrait d’une femme courageuse, écartelée entre son passé européen et son présent marocain.
Mathilde doit affronter les humiliations, le racisme, le poids des coutumes, mais aussi la pauvreté et la dureté du travail.
Sa liberté se heurte à des murs invisibles — ceux de la société, de la religion, et parfois même, de son propre foyer.
Mais derrière sa résignation apparente, on sent battre une force tranquille, une envie de vivre autrement.
C’est cette tension, ce tiraillement constant entre désir d’émancipation et réalité du patriarcat, qui rend le roman si profondément humain.
En toile de fond, le Maroc vit ses propres bouleversements : l’après-guerre, la montée des tensions coloniales, les inégalités criantes entre colons et autochtones.
Le pays des autres, c’est à la fois celui de Mathilde — cette terre étrangère où elle tente de trouver sa place — et celui des Marocains, étrangers chez eux dans une nation sous domination française.
Le roman fait aussi la part belle à d’autres destins, à d’autres femmes, elles aussi prisonnières d’un système qui décide pour elles.
La condition féminine, sous toutes ses formes, devient un fil rouge essentiel du récit.
Une fois encore, Leïla Slimani captive par la justesse de son écriture : sobre, précise, mais d’une intensité rare.
Elle ne cherche pas à juger, seulement à montrer, à faire ressentir.
Grâce à elle, on sent la poussière, la chaleur, les silences.
On voit ce pays à travers les yeux de Mathilde, étrangère parmi les siens, tiraillée entre amour et exil.
La plume de Slimani a ce pouvoir : celui de nous plonger dans une époque, un lieu, un corps, jusqu’à nous faire oublier que tout cela n’est que fiction.
Ce premier tome se referme sur un goût de promesse.
J’ai très envie de retrouver ces personnages dans Regardez-nous danser, la suite de la saga.
Que deviendront Mathilde, Amine, Aïcha, et Selim ?
Leur destin s’écrit dans une société en mutation, et j’ai hâte d’en tourner les prochaines pages.
Le pays des autres est un roman sur l’entre-deux, celui des êtres qui ne sont jamais tout à fait d’un côté ni de l’autre.
C’est une histoire de femmes, de terres, de blessures et d’amour.
Un récit dense, vibrant, qui parle de transmission, de mémoire et d’identité.
Encore une fois, Leïla Slimani, par la puissance de sa plume, m’a donné l’impression d’y être — au cœur du Maroc d’après-guerre, au plus près des émotions de ses personnages.
Et vous, l’avez-vous lu ?
Qu’avez-vous pensé de Mathilde et de sa lutte silencieuse ?